Le syndrome de la page blanche

1,Juin,2023

Nouvelle question de Catherine de @sbfbookys (Instagram)

As-tu déjà été confrontée au syndrome de la page blanche ?

 

     J’aurais aimé répondre non à cette question, mais la réalité est là… Trois ans se sont écoulés depuis la dernière parution et même si tout n’est pas lié à ce syndrome, cette panne d’inspiration et ce manque de mots m’ont ébranlée.

     Lorsque j’ai pris la décision de me consacrer à ma passion, j’ai quitté mon travail que j’aimais tant et j’ai foncé tête baissée dans cette nouvelle aventure sans réaliser que tout ce qui m’était familier, acquis et rassurant allait devenir l’inconnu. Et j’ai eu l’impression alors de sauter dans le vide sans savoir voler. Tout ne dépendait plus que de moi désormais, et ça, c’était nouveau, étrange et effrayant.

« J’ai envie d’écrire, mais rien ne vient. »

     Au départ, c’est une question d’adaptation. Créer mon univers, mon bureau, trouver mon rythme, mettre des limites à la vie de famille. Mais très vite, cela devient une bataille contre moi-même. J’ai envie d’écrire, mais rien ne vient. Si les idées sont là, elles sont floues, brouillonnes, diffuses. Les mots m’échappent, ne s’enchaînent plus. Et quand je parviens à avancer, ce que je lis ne me convient pas, ne me paraît pas digne d’être publié.

     Je réalise que mon émotivité qui m’est si précieuse pour écrire s’estompe, que ma connexion avec mes personnages disparaît. Alors je me retranche dans ma vie personnelle, je relève les défis du quotidien, affronte les nouvelles adaptations qui nous sont imposées par le destin, le tout avec la sensation désarmante qu’écrire me ferait du bien, mais que c’est impossible. Et surtout, que si je dois le faire, c’est pour terminer les romans en cours et non pour en faire autre chose.

     J’essaie de comprendre ce qui m’arrive, ce qui me dépasse, je suis ainsi, ça a toujours été dans ma nature. Je finis par faire une rencontre incroyable. Sandrine m’explique alors que mon cerveau gauche (celui du contrôle et de l’organisation) a pris le pas sur le droit (celui de la créativité), parce qu’arrêter mon travail m’a tant déstabilisée que je me suis mise en dissociation. À l’époque, je ne le sais pas encore, mais je suis au bord du second burnout, et mon corps a fait ce qu’il fallait pour s’adapter. Pour m’aider, je me retrouve à faire des exercices complètement loufoques afin de réapprendre à créer, libérer mon cerveau droit. Afin de me reconnecter à moi-même. Et ça fonctionne.

« C’est un blocage qui est là pour vous faire réagir, comprendre, qui vous pousse à lire en vous. »

     Je termine l’histoire de Garrick et Aislyn, leurs deux versions sont bouclées. J’avance Avery et Hunter, Sienna et Noah, et Logan et Savannah. De nouvelles idées arrivent, de nouveaux scénarios, l’envie de changer de registre. Mais tout est encore fragile, alors je continue mon cheminement en écoutant davantage ma petite voix intérieure plutôt que les standards que je crois être attendus.

     Le syndrome de la page blanche, ce n’est pas juste être face à son ordinateur sans pouvoir écrire. C’est bien plus profond que ça. C’est un blocage qui est là pour vous faire réagir, comprendre, qui vous pousse à lire en vous. C’est une angoisse qui se révèle devant notre besoin de perfection, qui convoque en nous un vide sidéral. Pour moi, il a pris la forme d’une liberté (de travail) qui m’a coupé les ailes de la créativité tant réaliser mon rêve m’a effrayée.

Kirsten

©️Kirsten Morgan

0 commentaires