Feeling Résilience

Engloutie par mon trou béant, je suis dans ce taxi pour faire ce que je sais faire de mieux. Fuir. 

Le paysage défile sous mes yeux, teinté de gris, sans nuances, sans couleurs. Le bruit incessant des klaxons me parvient de loin, tel un fond sonore me maintenant en veille. Mon corps tremble, mais je ne le ressens pas. Le chauffeur me parle, mais je ne l’entends pas. La seule chose que je perçois réellement, c’est mon cœur qui cogne dans ma cage thoracique, si fort que j’ai l’impression qu’il essaie d’en sortir pour exploser de douleur. Et je voudrais qu’il devienne une pierre incroyablement dure et froide. Je veux mourir.

Leurs voix résonnent en moi comme les éclats d’une bombe s’écrasant au sol et pulvérisant tout autour d’eux.

Je veux que tu saches que tu es tout ce qui compte dans ma vie, que tu es ma priorité et que jamais je ne te lâcherai.

Il t’aime Harper. N’aie aucun doute là-dessus, même s’il est contre le mariage et quoiqu’il puisse se passer.

Comme si j’avais toujours été préparée à ça, je sens mon corps se fermer au monde extérieur et s’envelopper d’une carapace en titane. Ne plus être en proie à un autre sentiment que la haine, ne plus percevoir la douleur, se blinder de toutes nouvelles attaques. Chaque parcelle de moi se révulse, se métamorphose. Je suis envahie par une vague de béton armé qui fige et solidifie cette haine. La rendant puissante. Ancrée. Indestructible. Faisant d’elle les fondations de ce nouveau moi. Faisant taire ces souvenirs en paroles qui dansent dans ma tête. Quoiqu’il puisse se passer. Je ne pleure pas et ça ne m’étonne pas, ces hommes viennent d’anéantir le peu de foi en la vie qu’il me restait.

L’incompréhension plane, les doutes s’infiltrent dans mon être pour remonter jusqu’à cette partie de moi qui n’y croyait pas vraiment, puis tout s’écroule. Me faire parler, obtenir des informations, n’être qu’un pion. Se jouer de moi. Utiliser les miens. Je n’ai rien vu, aveuglée par mes sentiments, son jeu de séduction, ses attentions, ses mots. Tout était parfait. Tout n’a été qu’illusion. Je n’étais rien, rien d’autre qu’un but à atteindre, et ça fait mal. Ça fait très mal.